Un canapé qui défie les décennies
Le design a cette capacité rare à traverser les époques. Le canapé Camaleonda de B&B Italia en est un exemple flagrant. Créé en 1970 par l’architecte milanais Mario Bellini, ce modèle iconique ne cesse de faire parler de lui… plus de 50 ans après sa naissance. Pourquoi cet engouement soudain pour une pièce qui pourrait sembler tout droit sortie d’un salon des seventies ? Parce que le Camaleonda, fidèle à son nom caméléonesque, s’adapte avec une fluidité étonnante aux codes esthétiques d’hier et d’aujourd’hui.
Quand la modularité devient un art de vivre
Le Camaleonda ne se contente pas d’être beau. C’est un vrai caméléon du mobilier. Grâce à ses modules indépendants — dossiers, assises, accoudoirs — reliés par un ingénieux système d’anneaux et de crochets (oui, on parle bien de mobilier et non de mécanique navale), il peut être reconfiguré à l’infini. Envie d’un canapé d’angle cosy pour une soirée Netflix ? C’est possible. Besoin d’un agencement plus office-friendly pour une réunion informelle ? Aucun souci.
Cette liberté de composition a immédiatement séduit les passionnés de design comme les professionnels de l’aménagement d’espace. Et si l’on en croit les réseaux sociaux, il devient même courant de voir le Camaleonda passer du séjour au studio photo ou à la boutique concept, sans perdre une once de sa singularité.
Un retour (très) attendu sur la scène design
Après avoir disparu du catalogue de B&B Italia pendant plusieurs années, le Camaleonda a été remis en production en 2020, à l’occasion de son 50e anniversaire. Là encore, Mario Bellini a été aux commandes de cette renaissance, veillant à préserver l’âme du modèle original tout en y insufflant des matériaux plus durables.
Une nouvelle mousse en polyuréthane recyclée, des tissus écoresponsables, une production repensée pour minimiser l’impact environnemental : loin d’un simple « reboot » marketing, cette réédition incarne une véritable démarche d’innovation durable, chère à la maison italienne.
La star Instagram des intérieurs contemporains
Fait amusant (ou symptomatique) : le Camaleonda s’est retrouvé propulsé dans l’inconscient collectif d’une nouvelle génération sans aucun spot TV ou brochure papier. C’est sur Instagram et Pinterest qu’il connaît son renouveau. Influenceurs déco, architectes d’intérieur, stylistes l’ont adopté comme la pièce maîtresse d’un art de vivre à la fois rétro et ultra contemporain.
On le retrouve associé à des tapis berbères, des luminaires années 2000, des murs béton brut ou même des œuvres numériques. Autant dire qu’il n’a pas besoin de forcer pour exister. Il s’impose par sa silhouette basse, ses coussins capitonnés ultra confort, son allure moelleuse presque sculpturale. Le Camaleonda, c’est l’anti-minimalisme dans ce qu’il a de plus généreux.
Une pièce de collection ? Oui… mais accessible (presque)
On pourrait s’imaginer que le Camaleonda, avec son héritage design et sa résurrection iconique, est réservé au monde très fermé des collectionneurs. Pourtant, B&B Italia a su maintenir un positionnement cohérent. Bien sûr, s’offrir un Camaleonda, c’est un investissement — comptez plusieurs milliers d’euros — mais dans l’univers du mobilier haut de gamme, il reste relativement abordable. Et surtout, sa modularité permet de commencer petit (deux modules) et d’agrandir au fil du temps.
Un peu comme construire un canapé LEGO, mais dans une version luxe et italienne. Plutôt tentant, non ?
B&B Italia, gardienne du patrimoine et laboratoire d’idées
Impossible de parler du Camaleonda sans évoquer son éditeur, B&B Italia. Fondée en 1966, la marque est considérée comme un pilier du design industriel italien. Dès ses débuts, elle a su conjuguer artisanat d’excellence et technologies innovantes. Avec des collaborations phares — Antonio Citterio, Patricia Urquiola, Piero Lissoni et bien sûr Mario Bellini — l’entreprise a toujours été une maison d’édition plus qu’un simple fabricant.
Le retour du Camaleonda incarne à merveille cette approche : valoriser la mémoire tout en anticipant les usages de demain. S’adapter aux besoins d’espaces hybrides, proposer une production modulaire et éthique, explorer les codes du luxe contemporain : autant de débats intégrés dès la conception du produit.
Le Camaleonda dans la culture pop (et dans les musées)
Ce canapé ne se contente pas de trôner dans de beaux intérieurs. Il a aussi conquis les musées. Certaines versions du Camaleonda sont exposées dans des institutions de renom telles que le Museum of Modern Art (MoMA) de New York. Un détail qui en dit long sur le statut de l’objet : on parle ici d’un classique du design.
Et côté pop culture, difficile de ne pas le croiser. De nombreux films et séries lui offrent une apparition plus ou moins discrète. Il devient un marqueur de goût, un clin d’œil au raffinement sans ostentation. Parce que oui, au fond, investir dans un Camaleonda, c’est faire partie d’un cercle, celui des esthètes qui valorisent le confort, la modularité et une certaine idée de la culture italienne.
Un canapé, mille configurations : quelques idées d’agencement
Pour les indécis ou curieux, voici quelques configurations inspirantes repérées chez des designers ou passionnés :
- Le salon-lounge : cinq modules alignés avec un dossier continu, parfait pour un salon XXL ou un espace coworking design.
- Le cocon en U : trois assises, deux accoudoirs, parfaits pour créer une atmosphère enveloppante et propice à la discussion.
- La méridienne contemporaine : deux modules, un seul dossier placé asymétriquement. Minimaliste et ultra chic.
- Mix & match : varier les revêtements entre velours, cuir ou tissu bouclé pour un effet graphique assuré.
Pas besoin d’être architecte pour réinventer son intérieur. Le Camaleonda vous offre une toile blanche. À vous de jouer.
Pourquoi tout le monde en parle (et vous aussi bientôt)
Ils sont rares, ces meubles capables de rallier les passionnés de design vintage, les défenseurs du développement durable et les amateurs de confort haut de gamme. Le Camaleonda réussit cet exploit avec un naturel presque déconcertant.
Son succès actuel n’est pas qu’un effet de mode. C’est le fruit d’un travail de fond, d’un design pensé pour durer, s’adapter, évoluer. Et dans notre époque où l’objet doit être aussi beau qu’utile, aussi durable qu’instagrammable, c’est un petit miracle.
Alors, est-ce que le Camaleonda va disparaître dans 5 ans ? Tout laisse à penser que non. Au contraire : avec sa modularité, ses matériaux responsables et son confort sans équivalent, il s’inscrit dans cette nouvelle ère où le mobilier n’est plus figé… mais vivant.